Entretien exclusif avec le gérant de SOLUTECH, M. Amadou Arona POUYE

Dans le secteur dynamique du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP), certaines entreprises se distinguent par leur expertise et leur engagement envers la qualité. SOLUTECH, fondée en 2003 par M. Amadou Arona POUYE, est l’une de ces entreprises. Spécialisée dans les fluides et les lots techniques, elle s’est imposée comme un acteur incontournable dans le domaine des bureaux d’études, contribuant à la conception de projets d’envergure à travers le Sénégal. Dans cet entretien exclusif, M. POUYE revient sur son parcours, l’histoire de son entreprise, son analyse du secteur, ainsi que ses perspectives pour l’avenir du BTP au Sénégal.

1. Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur vous, pouvez-vous nous dire qui est Amadou Arona POUYE ? Quel a été votre parcours académique et professionnel ?

_ Amadou Arona POUYE est ingénieur en génie électromécanique. Je fais partie de la 6e promotion de l’École polytechnique de Thiès, sortie en 1983. J’ai commencé ma carrière en 1987 chez SOCOTECH, puis j’ai travaillé dans le secteur des assurances en tant qu’ingénieur en risques techniques, avant de rejoindre la SONES où j’ai occupé le poste de chef de projet pour le lancement du projet sectoriel Eau, notamment l’extension de l’usine de GNITE. Enfin, j’ai travaillé chez Schneider Electric. C’est après cette expérience que je me suis émancipé et ai créé SOLUTECH en 2003.

2. Je rappelle que vous êtes le gérant de SOLUTECH. Quand l’entreprise a-t-elle été créée et comment avez-vous choisi le nom « SOLUTECH » ?

_ Mon parcours chez SOCOTECH m’a beaucoup influencé, en particulier dans le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP). De manière un peu inconsciente, mon expérience à SOCOTECH a joué un rôle dans le choix du nom. J’avais envisagé des noms comme « SERTECH » ou « SARETECH », mais il me fallait un nom avec une connotation technique pour refléter notre activité. C’est ainsi qu’est né le nom SOLUTECH, qui signifie « solutions techniques ».

3. Vous évoluez dans le domaine du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP). Dans quel secteur du BTP êtes-vous spécialisé ?

_ Il est important de savoir que les bureaux d’études ne se limitent pas seulement à la structure. Il y a aussi les fluides, les lots techniques ou MEP, en fonction des zones ou des pays. En tant que technicien électromécanique de formation, SOLUTECH est spécialisé dans tout ce qui concerne les fluides : plomberie, climatisation, chauffage, électricité, sécurité, etc. Nous intervenons dans tous les systèmes qui font fonctionner un bâtiment. C’est un peu comme le corps humain : ce ne sont pas les éléments extérieurs qui le font vivre, mais ceux à l’intérieur, comme le cœur ou les poumons.

4. Parlons maintenant de vos ressources humaines, ces talents grâce auxquels SOLUTECH fonctionne. Comment dénichez-vous vos talents ? Quels sont les critères sur lesquels vous insistez le plus chez SOLUTECH ?

_ Je me tourne naturellement vers les diplômés de l’École polytechnique de Thiès, non seulement parce que j’en suis issu, mais aussi parce que je connais la qualité et la rigueur de la formation qu’elle offre. Au départ, nous recrutions principalement des ingénieurs issus de cette école. Au fil du temps, j’ai également intégré des techniciens supérieurs, diplômés d’un DUT. Je me suis rendu compte que, parfois, en formant ces jeunes talents davantage, nous obtenons le même rendement que celui escompté. Je précise également que je ne recrute pas chez les concurrents, tous mes employés viennent directement de l’école, ce sont donc d’autres entreprises qui viennent puiser chez nous.

5. En tant qu’acteur du BTP, quelle analyse faites-vous de l’évolution actuelle de votre secteur au Sénégal ?

_ L’évolution du secteur peut être abordée sous deux angles : quantitatif et qualitatif. Quant à l’évolution quantitative, jusqu’au début de 2024, le secteur était dynamique, se développant tant en termes de chiffres d’affaires que de volume d’activités, produisant ainsi de la richesse. En ce qui concerne la qualité, bien que nous ayons connu quelques sinistres au cours des 3 à 5 dernières années, ce qui a soulevé des inquiétudes quant à la qualité, le secteur continue d’évoluer. Ce qui est intéressant, c’est qu’au départ, seules des entreprises étrangères étaient présentes, mais au fur et à mesure que les Sénégalais se formaient, le BTP est devenu de plus en plus sénégalais. Toutefois, depuis environ un an, le secteur souffre quelque peu, mais nous espérons qu’il se redressera rapidement.

6. Vous êtes dans le secteur privé. En tant qu’entrepreneur et capitaine d’industrie, comment se passent vos collaborations et partenariats avec les autorités publiques ?

_ Il faut savoir que SOLUTECH a une particularité : nous travaillons très peu avec l’État. Environ 80 à 90% de nos marchés proviennent du secteur privé. Nous avons eu l’occasion de participer à des projets publics, mais toujours en sous-traitance, par exemple, nous travaillons actuellement sur les projets des hôpitaux de Dakar et de Tivaouane, mais en sous-traitance avec FONSIS. Nous n’avons pas de contacts directs avec l’État, tous les marchés que nous remportons dans ce domaine sont en sous-traitance.

RELANCE : Sentez-vous l’appui de l’État au secteur privé sénégalais auquel vous appartenez ?

_ SOLUTECH fait partie de la FESELEC (Fédération des entreprises travaillant dans le secteur de l’électricité), dont je suis l’un des vice-présidents. Dans cette fédération, de nombreuses entreprises travaillent avec l’État, mais le problème majeur reste l’accès au marché public. Les critères d’accès à ces marchés sont souvent trop élevés, ce qui exclut les petites et moyennes entreprises privées. Cela oblige souvent ces dernières à sous-traiter avec des entreprises étrangères, beaucoup plus puissantes financièrement. Cela est parfois compréhensible, car certains marchés sont financés par des organismes internationaux, imposant des conditions qui ne permettent pas de traiter directement avec le secteur privé.

7. Nous avons vu que SOLUTECH a été primée lors de la « Nuit du Bâtiment » par « La Truelle d’Or Sénégalaise ». Que vous inspire cette consécration ?

_ C’est toujours une fierté de voir son travail reconnu. Les bureaux d’études ne sont généralement pas sous les projecteurs dans le BTP. Ce sont plutôt les entreprises de construction et les bureaux d’architecture qui sont à l’avant-scène. Dans un projet, le maître d’œuvre est souvent celui qui est mis en avant, alors que c’est le travail de conception des bureaux d’études qui garantit la sécurité des ouvrages. Si aujourd’hui notre travail est reconnu et primé, je considère cette consécration comme une reconnaissance du travail des bureaux d’études en général. Le prix que nous avons reçu est le fruit d’un long travail et de la volonté divine. C’est une grande fierté de voir que notre engagement porte ses fruits.

8. Selon vous, quelles sont les grandes réalisations de SOLUTECH qui ont séduit les jurys de cet événement, au point de vous compter parmi les meilleurs de ce secteur ?

_ Je pense que c’est la réputation et la rigueur de notre travail qui ont fait la différence. Ce prix nous a été attribué grâce à la qualité constante des services que nous offrons à notre clientèle. Comme je le dis souvent à mes collaborateurs, ce ne sont pas uniquement les grands projets qui comptent, mais plutôt la rigueur et le sérieux avec lesquels nous abordons chaque mission. C’est cette constance dans la qualité qui assure notre avenir.

9. Enfin, quels conseils donneriez-vous à ces jeunes qui souhaitent, comme vous, entreprendre dans le secteur du BTP ?

_ Le conseil que je donne aux jeunes qui veulent se lancer dans le secteur du BTP, et cela s’applique à tous ceux qui veulent entreprendre, c’est d’abord d’être passionné par ce que l’on fait. Ce secteur demande beaucoup de sacrifices, car il est difficile d’y évoluer. Il est également essentiel de maîtriser son domaine, de suivre une bonne formation. Les erreurs peuvent avoir de graves conséquences, comme des effondrements de bâtiments ou des explosions d’usines, souvent dues à des erreurs commises par les bureaux d’études. Il est donc crucial de bien maîtriser son métier et de continuer à se former, car les méthodes évoluent. Il faut aussi être rigoureux et toujours chercher à se perfectionner. Ne jamais se satisfaire du minimum, toujours viser l’excellence.

À travers cet entretien, M. Amadou Arona POUYE nous a offert un aperçu précieux de son parcours exceptionnel et de l’évolution de SOLUTECH, une entreprise pionnière dans le domaine des bureaux d’études au Sénégal. Son engagement pour l’excellence, sa passion pour son métier et son souci constant de la qualité des projets sont des valeurs qui façonnent son entreprise et l’ont propulsée au sommet du secteur. Alors que le BTP sénégalais continue de se développer, M. POUYE partage avec les jeunes entrepreneurs une vision claire : celle de la rigueur, de la formation continue et de la quête de perfection. L’avenir de SOLUTECH semble prometteur, porté par des talents motivés et une expertise reconnue.

                                                PULAAGU

pulaagu

Journaliste et chargée de communication

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